Dimorphisme sexuel

Oniscidea (Cloporte) :

Porcellionidae/Platyarthridae/Trachelipodidae :

Ce sont les cloportes les plus faciles à sexer. Il suffit d’observer la taille des deux plus gros uropodes. Ces organes ne sont pas utilisés pour l’insémination et leur fonction principale n’est pas encore très claire. Néanmoins, ils pourraient aider la femelle à choisir un partenaire : si les uropodes sont grands et bien développés, cela signifie que le mâle est en bonne santé, mature sexuellement et a généralement une bonne génétique.

Chez les autres Crustacea, comme les crevettes, les uropodes sont très utiles pour la propulsion dans l’eau. Les Oniscidea ont évolué en dehors de l’eau et n’en ont donc plus besoin, ils ont été modifiés, comme chez les Porcellionidae.

Porcellio laevis « Dairy cow » mâle
Porcellio laevis « Dairy cow » mâle
Porcellio laevis « Dairy cow » femelle
Groupe de Porcellio laevis « Dairy cow »

Armadillidiidae/Armadillidae :

Pour ces deux familles, les uropodes ne peuvent pas être utilisés pour déterminer le sexe, car ils sont tout simplement identiques. Cependant, il existe une alternative aux uropodes : sous le pléon (voir fiche pratique morphologie), on trouve deux paires de stylets génitaux chez le mâle appelés pléopodes, alors que la femelle n’en a pas. Cette méthode fonctionne très bien pour les Porcellionidae, les Platyarthridae et les Trachelipodidae, mais la technique des uropodes reste plus rapide et plus facile.

Armadillidium gestroi mâle
Armadillidium gestroi femelle, absence de stylets
Armadillidium gestroi mâle
Armadillidium gestroi femelle, aucun différence visible
Porcellio laevis « Dairy cow » mâle
Porcellio laevis « Dairy cow » femelle, absence de stylets

Il existe une autre technique qui fonctionne pour toutes les familles, mais elle demande plus de chance : si vous retournez une femelle grainée, vous pourrez rapidement identifier le sexe grâce au marsupium. Cette méthode permet d’être certain que vous avez affaire à une femelle portant des œufs. Cependant, si le marsupium est absent, cela ne signifie pas nécessairement que c’est un mâle. Dans ce cas, il est préférable d’utiliser la technique des stylets pour confirmer le sexe.

Porcellio laevis « Dairy cow » mâle, absence de marsupium
Porcellio laevis « Dairy cow » femelle
Armadillidium gestroi femelle, passage du stade mancae à pulli après que le marsupium se soit ouvert
Armadillidium gestroi femelle, passage du stade mancae à pulli après que le marsupium se soit ouvert
Porcellio laevis « Dairy cow » femelle
Oeufs de Porcellio laevis « Dairy cow »

Si vous souhaitez sexer vos cloportes de la famille des Armadillidiidae et Armadillidae ou simplement observer le marsupium d’un cloporte, vous pouvez le faire en retournant délicatement le cloporte, mais soyez très minutieux. Ce sont des animaux très sensibles. Bien que les Armadillidium spp. et les Armadillo spp. possèdent une carapace plus dure, ils restent vulnérables à la force humaine, même celle d’un enfant. Il est donc important d’expliquer aux plus jeunes que ce ne sont pas des objets, mais bien des êtres vivants qui méritent d’être traités avec soin, tout comme un chat ou un chien. De plus, il est essentiel de ne jamais manipuler un arthropode qui vient de muer. Bien que sa carapace se rigidifie en quelques minutes, les pattes et les antennes peuvent prendre plusieurs heures pour retrouver leur solidité. Manipuler ces animaux avant ou après leur mue pourrait être fatal pour certains individus.

Mais ne vous inquiétez pas si vous achetez des cloportes chez Arthropoda Swiss : vous aurez très peu de chances de recevoir uniquement des mâles ou uniquement des femelles parmi 12 cloportes. Si vous avez des doutes sur la façon de les sexer ou si vous craignez de blesser les animaux, n’hésitez pas à demander des conseils ou à laisser la nature faire son travail.

Brachyura (Crabe) :

Pour la plupart des Brachyura, dont les Sesarmidae, sont assez faciles à sexer. Il est même possible d’utiliser la mue du crabe pour déterminer son sexe, à condition de savoir quelle mue appartient à quel individu. En observant sous l’abdomen de l’animal ou de sa mue, on peut voir le pléon, (voir fiche pratique morphologie), se replier sous le céphalothorax et former soit un « V », soit un « U ». Si la forme est un « U », il s’agit d’une femelle, car cette configuration lui permet de disposer de plus d’espace pour conserver ses œufs jusqu’à leur éclosion. En revanche, si l’abdomen prend la forme d’un « V », il s’agit d’un mâle.

Sexer avec la mue est facile et très accessible, mais il est tout à fait possible de le faire directement sur le crabe. La manipulation demande uniquement d’être doux et minutieux. Ne vous inquiétez pas, un crabe de cette taille ne fait absolument pas mal. Il aura déjà de la peine à vous pincer les doigts et même s’il y arriverait, il ne vous fera pas mal.

Mue de Geosesarma tiomanicum mâle
Mue de Geosesarma tiomanicum femelle

Blattaria (Blatte) :

Pour les Blattodea, le sexage est encore plus simple et plus rapide. Les mâles possèdent des ailes et sont généralement plus colorés, tandis que les femelles n’ont pas d’ailes et sont en général plus grandes. Les ailes n’apparaissent généralement pas avant la cinquième ou la sixième mue pour les Gyna spp. Les jeunes sont plus difficiles à sexer, il est donc préférable d’attendre quelques semaines afin que les animaux deviennent matures.

Il existe une deuxième technique pour différencier les deux sexes : il faut regarder les tergites ou les sternites (voir fiche pratique morphologie). Les mâles ont neuf segments, tandis que les femelles n’en ont que sept. Mais cela demande de manipuler les mâles pour voir les sternites, car les tergites sont cachés par les ailes. Elle est donc clairement moins commode et il est préférable d’utilisé la première.

Gyna lurida mâle
Gyna lurida femelle, absence d’ailes
Blaptica dubia mâle
Blaptica dubia femelle

Diplopoda (Iule) :

Pour sexer un iule, il faudra être encore plus minutieux qu’un cloporte, car il va falloir regarder sous les premiers segments, près de la tête. Le problème, c’est qu’un iule se met en boule pour se défendre et empêche l’accès à ses organes de reproduction. Vous avez deux possibilités pour réussir à les voir :

  • La plus douce consiste à tenir le iule en hauteur et le laisser se dérouler de lui-même : à chaque fois qu’il veut se remettre droit, vous le retournez et tentez de voir ses organes.
  • La deuxième demande d’être encore plus rigoureux. Si le iule ne veut pas se dérouler de lui-même, vous pouvez le faire vous et essayer de bloquer sa tête afin de voir ses organes.

Après avoir réussi à retourner l’iule, il faut savoir ce qu’il faut regarder : les mâles ont des gonopodes vers le septième segment en partant de la tête qui remplacent les paires de pattes, tandis que les femelles ont des pores génitaux largement moins visibles un peu plus haut, entre le premier et le quatrième segment (voir fiche pratique morphologie). En conclusion, s’il manque des pattes et qu’il y a deux « stylets » vers le septième segment, c’est un mâle. Alors que si les pattes sont en continue, c’est une femelle.

Anadenobolus monilicornis mâle, pattes remplacées par les gonopodes
Anadenobolus monilicornis femelle, absence de gonopode
Benoitolus sp. « Khao Sok » mâle
Benoitolus sp. « Khao Sok » mâle

Il y a encore une façon pour les sexer, mais elle demande d’avoir plus de chance. Il faut réussir à observer un accouplement, l’individu qui est plus haut, qui « domine » l’autre, est le mâle. La raison est assez simple : comme les mâles ont leurs gonopodes plus bas (à partir de la tête) que les pores génitaux des femelles, ce sont obligatoirement les mâles qui doivent se tenir plus haut (voir la vidéo sur Instagram).

Reproduction de Spirobolus caudulanus
Reproduction de Spirobolus caudulanus
Jeune Spirobolus caudulanus
Jeune Spirobolus caudulanus